Ce mois d’Avril sera encore riche en émotions cinématographique
Avec POUR LA FRANCE de Rachid Hami (VF) le réalisateur (dont c’est le deuxième film) retrace la tragédie, épouse la lutte d’un clan, les Saïdi, famille modeste (de celles que l’on ne regarde pas), pour pousser l’armée à reconnaître sa responsabilité dans un bizutage dramatique qui a mal tourné. Un film « coup de poing sur la dignité ». Bénéficiant d’un casting incroyable dont un Samir Guesmi au sommet et une Lubna Azabal touchante, c’est pourtant bien Shaïn Boumedine qui éclipse tout sur son passage avec un charisme hors norme à l’écran en plus de son talent de comédien. Dès sa première apparition à l’écran il nous capte et ne nous lâchera qu’à la toute fin, rendant l’histoire du film encore plus forte.
Le CLAP vous propose ensuite, c’est assez rare pour le souligner, « un film patrimoine » qui a marqué toute une génération et rend hommage au travail du grand cinéaste Carlos Saurarécemment disparu. CRIA CUERVOS (VOST-Espagne) un chef-d’œuvre multi primé à l’époque. Tourné pendant la dictature franquiste, Cria Cuervos se nourrit de son climat oppressant et en propose une métaphore à travers une famille décomposée. Rien n’est direct, tout est ressenti. Une bande son envoutante vous transporte littéralement. Il arrive parfois qu’un film soit touché par la grâce. Il révolutionne alors tout ce qui précède dans son genre et entame une nouvelle ère. Cría cuervos de 1976 se hisse au plus haut et accède ainsi à l’intemporel. Ce constat est indéniable près de 50 ans après.
Puis avec LE BLEU DU CAFTAN de Maryam Touzani (VOSTF-Maroc), nous suivons la vie de ce couple dans et en dehors d’une boutique de couture marocaine. La trame nous plonge au plus profond de leurs âmes.
D’un point de vue technique, le film de Touzani est fabuleux par son travail sur la lumière. Cette histoire d’amour, de mort et de peur fait vibrer la corde sensible des spectateurs par le biais de dialogues réalistes, d’une mise en scène maîtrisée et d’une excellente performance d’acteurs. Saleh Bakri (acteur palestinien) joue un homme fragile, déchiré par l’amour et l’affection, mais également par le passé et le présent. Azabal offre le portrait touchant d’une femme forte et bienveillante.
C’est une œuvre courageuse, réalisée avec amour et simplicité. Le film soulève des questions importantes sur le sens de l’amour, la manière de l’exprimer et sur les raisons qui font que c’est le moteur de notre vie. Du très grand cinéma d’auteur. Du grand cinéma avec peu de mots, des regards et de la sensibilité à fleur de peau.
Et enfin avec DE GRANDES ESPERANCES de Sylvain Desclous (VF) c’est le le portrait d’un jeune couple d’étudiants brillants, en course pour le prestigieux concours de l’ENA et promis à un bel avenir qui se déroule. Rythmée par la justesse d’écriture de certaines scènes clé, le récit évolue entre plusieurs genres (policier, suspense, romance) sans jamais perdre le spectateur.
Le cinéaste saisit au plus près la détresse émotionnelle graduelle de ses personnages ambigus, complexes, précipités, liés par des aspirations croisées et gagnés par le chaos ambiant auquel se heurte la beauté sauvage du paysage corse. En présentant un film disons « politique « questionnant nos valeurs, Sylvain Desclous trompe son monde en y dissimulant un thriller bien ficelé.
Le CLAP vous propose en honneur de la journée des femmes le 8 mars, DIVERTIMENTO de Marie-Castille Mention-Schaar (VF), on évoquera la passion pour la musique mais pas que ! Et comment l’exigence des parents déteignent sur les enfants, qu’ils soient du 16ème ou de la Seine-Saint-Denis (93), le résultat est le même, mais les barrières sociales elles, ne sont pas identiques. Que d’obstacles à franchir de prime abord quand on est une femme, qui plus est issue de l’immigration dans un milieu ultra conservateur et élitiste. Sans sortir les violons (uniquement pour les musiciens) le film nous procure un large panel d’émotion et nous fait vibrer à l’image de la musique.
Changement de registre avec LES SURVIVANTS de Guillaume Renusson (VF) dont c’est le premier film. Laissez-vous embarquer dans ce « western montagnard » à la française. Le “héros” (Denis Ménochet encore excellent) croise dans ce lieu de passage entre l’Italie et la France, une réfugiée afghane qui a besoin d’aide. Sans imaginer les conséquences de ses actes, il décide de tout simplement « rester humain »… car d’humanité il est fortement en question dans ces paysages enneigés magnifiés par la caméra du réalisateur.
DOUCE FRANCE de Geoffrey Couanon (VF) vous est proposé en soirée unique en coopération avec ATTAC. Soit une classe de Première ES, dans un Lycée du tristement célèbre 9.3. et trois enseignants qui s’associent dans le but de sortir du caractère potentiellement théorique de leur enseignement. L’idée est d’amener leurs élèves à se pencher sur un grand projet qui risque de les concerner de près : le projet Europacity, porté par le groupe Auchan et son partenaire chinois Wanda, qui vise à neutraliser deux cents quatre-vingts hectares de terres agricoles particulièrement fertiles. Film suivi d’un débat.
Un voyage en Chine avec LE RETOUR DES HIRONDELLES (VOSTF) de Li Ruijun (Chine) Plus qu’un film, Le Retour des hirondelles est un immense chant d’amour, de poésie et d’humanité. La situation décrite est bouleversante, l’intensité dramatique est constante. Li Ruijun capte à merveille toutes les énergies contraires qui composent la société rurale de la Chine contemporaine pour en faire un réquisitoire fort, beau et violent à la fois.
Un deuxième voyage en Asie en ce mois de Mars avec le film RETOUR À SÉOUL de Davy Chou (VOSTF). Sélectionné dans la section Un Certain Regard du Festival de Cannes 2022, ce film original parle d’identité au travers d’un double portrait étalé sur huit années. Le récit nous conte des instants doux-amers, souvent très beaux de la rencontre de deux cultures.
Et enfin dans le cadre du Festival ERAP –« Palestine en vue » et en séance unique le CLAP est heureux de vous proposer FAHRA de Darin J. Sallam (VOST). Ce film d’abord sorti sur Netflix a suscité l’hystérie des apologistes d’Israël, les événements de “Farha” ne sont pas seulement historiquement exacts, mais en réalité presque bénins par rapport aux autres atrocités des juifs sionistes de 1948 à l’égard des palestiniens. Le film raconte l’histoire personnelle d’une jeune Palestinienne de 14 ans en Palestine, témoin de près des événements de la Nakba (Catastrophe) de 1948. Un film unique dans sa conception minimaliste, important pour la compréhension de la situation des palestiniens et pour ne jamais oublier ce drame qui continue encore aujourd’hui.
Programme Février – Mars 2023
Le CLAP pour ce mois de Février vous propose de commencer avec une fable humaniste et bouleversante « VIVRE » d’Olivier Hermanus (VOSTF), adaptée du chef-d’œuvre d’Akira Kurosawa, transposé à Londres ou comment un homme ordinaire va découvrir tardivement le sens extraordinaire de la vie. L’Excellent acteur Bill Nighy réalise une belle performance d’acteur.
Puis avec « L’ENVOL» de Pietro Marcello (VF) » c’est l’histoire de l’amour d’un père et d’une fille au lendemain de la Première Guerre mondiale. Un film enchanteur oscillant entre réalisme historique et conte décalé, cette coproduction franco-italienne distille un charme certain et demeure fidèle à l’univers de son réalisateur (Martin Eden).
Le CLAP fait briller une étincelle d’humanité avec « NATURAL LIGHT » (VOSTF) de Dénes Nagy (Ours d’argent à Berlin). Film lent et intense. La narration revient sur l’un des aspects méconnus de la seconde guerre mondiale : la présence de troupes hongroises en Russie, entre 1941 et 1944. Le film se passe presque entièrement dans une épaisse forêt dont les verts et les bruns sombres se fondent dans les couleurs des uniformes des soldats. Un homme tente de s’accrocher à son humanité, mais aussi de rester en vie. Du très grand cinéma d’auteur.
Une fois n’est pas coutume, nous terminerons par un film d’animation très original : « INTERDIT AUX CHIENS ET AUX ITALIENS d’Alain Ughetto (en VOSTF) ». Une histoire familiale mais aussi une histoire nationale : en contant le destin tragique et semé d’embûches de ses grands-parents, le cinéaste retrace le parcours difficile d’une frange de la population italienne au carrefour du XXème siècle. Une émouvante histoire qui peut compter sur des choix de mise en scène inspirés pour conquérir et surprendre le public.
Régalez-vous de cette diversité cinématographique.
Programme Janvier – Février 2023
Le CLAP vous emmène tout d’abord en Asie avec le dernier Kore-eda (une affaire de famille vu au CLAP, Palme d’or à Cannes en 2018) LES BONNES ETOILES (VOSTF) son dernier opus a permis à Song Kang-ho acteur principal de recevoir le prix du meilleur acteur à Cannes en 2022. Un road-trip sensible et émouvant bourré d’humanité avec de l’humour, bref les ingrédients d’un cinéma intelligent.
Avec CORSAGE de Marie Kreutzer (VOSTF) c’est un portrait inhabituel de « Sissi l’impératrice » que nous vous proposons, celui d’une femme rebelle contre sa condition de femme modèle, poupée supposée figée dans un temps révolu, celui de sa jeunesse.Un portrait stylisé d’une figure historique désenchantée.
Le CLAP aime le cinema de Philippe Lioret (VF) en vous proposant son dernier film 16 ans c’est une relecture contemporaine de Roméo et Juliette qui vous est offerte. Deux familles de milieux très différents, dans un contexte post-attentats tendu. Deux adolescents qui s’aiment en dépit des injonctions patriarcales et des dogmes archaïques, du très bon cinéma, efficace.
ANNIE COLÈRE (La fabuleuse Laure Calamy), filmde Blandine Lenoir (VF) revient à Tarare dans le cadre d’une soirée-débat autour du droit à l’IVG. Pour une séance unique avec le Centre de planification et d’éducation familiale (CPEF) piloté par le Département.
Enfin partons pour le Pakistan avec le film JOYLAND (VOST) Élégant et gracieux, ce premier long métrage de de Saim Sadiq (récompensé par le Prix du Jury au Certain Regard du dernier Festival de Cannes), est une histoire d’amour aussi simple qu’éminemment politique. Dans un pays où l’adultère est un crime lorsqu’il est commis par une femme, tout récit en dehors du dogme domestique est un acte militant en soi, d’autant plus lorsqu’il invite à évoquer le sujet ô combien tabou de la transidentité.(le film est interdit au Pakistan)
Programme Novembre – Décembre 2022
Changement de registre avec « Poulet frites », un documentaire belge en noir et blanc, signé par le truculent duo de l’émission « Strip-tease », la traque du meurtrier d’une prostituée occasionnelle assassinée dans son appartement. Tout est vrai dans ce récit parfois loufoque, qui mêle loupe sociologique, réalisme implacable et humanisme bienveillant.
Puis nous vous proposons une soirée-débat avec ATTAC autour du dernier film de Gilles Perret « Reprise en main ». Aidé de ses copains d’enfance, il choisit de se draper en financier pour reprendre la société afin de la remettre aux mains des salariés. Leur détermination, leurs maladresses aussi, donnent un air de comédie sociale, parfois dramatique. Un Robin des bois au pays de Goldman Sachs.
Avec « l’Origine du mal » laissez-vous embarquer dans un conte immoral et vénéneux avec un superbe casting. De la même veine que « Parasite », Sébastien Marnier signe avec ce film une comédie noire tortueuse et romanesque qui vire progressivement vers la tragédie.
« Les Harkis » de Philippe Faucon souhaite rendre hommage à ces combattants d’origine algérienne incorporés dans l’armée française. Considérés comme traîtres par l’Algérie et abandonnés par la France à la fin du conflit, beaucoup furent massacrés. Un retour sans concession sur une page peu glorieuse de notre Histoire.
Le CLAP innove donc en vous proposant une soirée exceptionnelle « UN CINÉ-CONCERT » (ensemble de courts-métrages et concert de Frédéric Bobin) ou comment voir des « petits bijoux de cinéma », manger de la pizza et écouter un concert acoustique d’un très bel artiste, c’est ce que nous avions de mieux à vous proposer !
Retour au long métrage avec « EO », le grand cinéaste polonais Jerzy Skolimowski réalise un road-movie hors du commun, filmé à hauteur… d’âne. Une expérience de cinéma ébouriffante. Sur son chemin, EO, un âne gris aux yeux mélancoliques, rencontre des gens bien et d’autres mauvais et fait l’expérience de la joie et de la peine, mais jamais, à aucun instant, il ne perd son innocence.
Nous poursuivrons avec une soirée thématique autour « du vivre ensemble » en collaboration avec le Service Solidarité et Cohésion sociale de la Mairie de Tarare avec le film « LEUR ALGÉRIE ». Ce documentaire est passionnant, émouvant et drôle, il laisse une trace humaine, sensible et profonde.
Puis nous irons au Proche-Orient, en Palestine avec l’avant-première du nouveau documentaire de Roland Nurier « YALLAH GAZA ». Ou comment démystifier les préjugés sur un peuple (les palestiniens). Les habitants de la bande de Gaza se battent contre l’enfermement imposé par l’État hébreux au mépris du droit international. Ce film documentaire s’appuie sur les éléments factuels, il oscille sans cesse entre le désir de montrer « la vie presque normale » des gazaoui-e-s et la situation économique et sanitaire dramatique dans laquelle ils vivent dans le silence honteux et complice de la communauté internationale.
Programme Décembre
Le CLAP vous emmène ensuite en Espagne avec le film de la réalisatrice Iciar Bollain « LES REPENTIS ». Ce film intelligent et émouvant tente dans une passion créatrice, d’apporter une vérité entre les victimes et leurs auteurs, une conversation qui permet d’entrer dans ce conflit enraciné, que l‘ETA exerça pendant toute cette campagne de sang versé, pour finir enfin par déposer les armes.
Nous traversons l’atlantique avec « ARMAGEDDON TIME » de James Gray qui n’a pas son pareil pour filmer les cellules familiales en crise. Largement autobiographique cette chronique suggère les changements à venir palpables de la société américaine avec comme toile de fond l’avènement de Reagan et les prémices de l’Amérique Trumpiste.
Retour en France avec « SAINT OMER » de Alice Diop (Lion d’argent Mostra de Venise 2022) Ce film impressionne par sa densité, son intensité et sa puissance. Inspiré par le procès d’une infanticide en 2013. Il impose son point de vue, sur la monstruosité qui est tapie en chacun de nous, et sur la maternité qui n’est pas nécessairement une période d’épanouissement et de plénitude pour les femmes. Saint Omer est un choc, comment expliquer l’inconcevable et l’horreur, comme l’assassinat d’un enfant par sa propre mère…
Puis avec « NOS FRANGINS » de Rachid Bouchareb, nous reviendrons avec cette fiction historique sur un fait dramatique : la mort en Décembre 1986 de Malik Oussekine à 22 ans roué de coups par des policiers. La narration est presque mise de côté au bénéfice d’un souci d’objectivité du réalisateur dans la retranscription de cette bavure policière. Ce qui transpire dans ce film pour le cinéaste et producteur, c’est de montrer « le langage de bois » des gouvernants, appuyé sur une justice qu’il juge du côté des forces de l’ordre. Les comédiens s’impliquent autant que possible, mais proportionnellement à l’étonnante sobriété que leur impose la mise en scène.